Nous voilà (enfin) en vacances pour les plus chanceux des camarades (dont je fais partie, big up au reste de l’équipe Artichaut Records qui reste à charbonner sous la grisaille parisienne). Mais ce moment de relâchement n’est qu’un recul, un repos pour la jeunesse de France et de Navarre, avant de revêtir, pour les plus déter d’entre eux, la panoplie kway/cagoule/masque de ski, lors de la rentrée sociale qui s’annonce tendue (s/o notre président Jupitérien et sa « pensée complexe » qui masque mal un classisme simple).
En effet, on observe depuis les grandes manifs contre la loi travail du printemps 2016, une certaine tendance à l’affrontement de plus en plus vénère avec la police de la part d’une partie des manifestants. De ce « cortège de tête », plusieurs collectifs ont émergé, comme le MILI, né après l‘affaire Léonarda, ou Génération Ingouvernable. Parmi ces collectifs variables et mouvants figure également l’AFA(Action antifasciste). Ce groupe, issu de la mouvance autonome du mouvement antifa, fondé au 2008 et dont Clément Méric (RIP) était membre, prône l’action direct, les manifestations sauvages et l’affrontement avec les fachos parisiens.
Cette longue et fastidieuse introduction m’amène à vous présenter Takos, ma petite trouvaille du jour.Membre revendiqué de l’AFA, comme on le relève dans ses clips et ses textes, le jeune rappeur n’a sorti que quelques morceaux qui se baladent sur youtube (principalement des freestyles) et communique de manière très aléatoire sur les réseaux sociaux, comme si le rap n’était qu’un amusement pour passer le temps. Si des améliorations indéniables sont possibles dans l’écriture, notre jeune loup fait preuve d’un bon potentiel.
Lorsqu’on parle rap d’extrême gauche en France on pense assez vite à Kenny Arkana, ou à Première Lignepour les plus connaisseurs. Dans ce genre de rap, le fond prime sur la forme, les artistes ont un message à faire passer et délaissent dès lors un peu la technicité du flow pour gagner en clarté sur leur propos. Si cette démarche est louable, elle peut parfois se teinter d’un léger ennui pour l’auditeur. Chez Takos au contraire, on retrouve un flow technique, aussi à l’aise sur de la trap que sur du boom bap. Saccadé au possible et bourré de multisyllabiques, difficile de ne pas hocher la tête sur ce jeune fougueux. Les paroles sont également plus légères que chez nos augustes rappeurs zapatistes.Takos ne fait pas que dénoncer, mais se revendique d’un antifascisme offensif, autant envers l’Etat que l’extrême droite d’ailleurs, en témoigne son gimmick ultra efficace : « Igo je baise les fafs, baise les feukeu » (BLF).
En outre, si l’engagement politique est revendiqué et les marque de l’appartenance à l’antifascisme, comme les références à Ménilmontant, quartier historique de l’AFA, ou encore l’hommage à Clément Méric, nombreuses, Takos ne se définit pas uniquement par son engagement politique mais rappe aussi une sorte d’hédonisme liée à notre jeunesse. Nous ne sommes plus dans un engagement uniquement négatif et pessimiste, mais dans la croyance de notre capacité à changer le monde, même en profitant de la vie.
En attendant que le boug’ fasse tourner plus de son et affine sa plume au fil des morceaux on vous conseille de jeter un coup d’œil à Takos, que ce soit pour vous enjailler cet été ou pour vous préparer avant une manif.
https://www.youtube.com/watch?v=JVwPZafsqBY