PACMAN FAIT PARLER LE RAP JEU

Il y a quelques semaines nous vous présentions le crew romain Do Your Thang, et vous promettais de vous éclairer sur les différentes individualités qui le composent. Attelons nous dès maintenant à cette tâche en évoquant Pacman.

L’ancien de la bande, né en 1988, possède un parcours atypique dans son rapport au rap. En effet, d’après sa biographie (en italien), le rappeur fut d’abord un… punk-rocker, dans le groupe Hot Drugs, de 2008 à 2012, cofondé avec son DJ et complice Alan Beez (également membre de Do Your Thang). En 2012 il se tourne vers le rap, tout en gardant son héritage rock, et fonde, toujours avec Alan Beez, « Progetto Mayhem » un groupe de fusion rap/rock, dans la lignée de Rage Against The Machine. Il se tourne ensuite vers le rap pur et dur via le crew Red Lights Ent. et pose ses premiers sons sur les compilations éponymes.

Son histoire se poursuit en 2014, année où il commence à se rapprocher de Do Your Thang, et sort un EP 8 titres « Porno Pride, Baby ». Les influences musicales sont encore larges, puisqu’on retrouve une inspiration reggae dans les productions, toujours signées par l’acolyte Alan Beez. Enfin, en 2016, sort son premier album solo : « Delta » (en téléchargement libre ici). On retrouve les influences multiples évoquées au-dessus dans cet album, mais également des influences plus larges du crew DYT. En effet, siPacman fonctionnait en binôme avec Alan Beez (qu’on retrouve à la prod sur l’énergique « Deuteros »),d’autres beatmakers maison ont mis la main à la pâte pour produire cet album. On retrouve ainsi des productions de Rubber Soul et BRBK. L’esprit familial est aussi présent dans les featurings puisqu’on retrouve bon nombre de rappeurs du crew (le duo Doc x BrownPenny Wise et sa voix atypique, l’énigmatique S.W.E.D et l’excellent William Pascal sur le titre non moins excellent « Diogene »). Par son éclectisme musical l’album oscille entre des ambiances très sombres « Daimon », d’autres plus joyeuses « Dionisos », des boucles boom bap « Demiurgos » du rap/rock « Deuteros »  et des sons plus futuristes « Fai Te ». Mais ce qui pourrait alors ressembler à un album complètement hétéroclite conserve une belle homogénéité, grâce à la voix et à l’écriture de Pacman. L’accent est mis sur une écriture musicale, au service de la langue italienne, et fait la part belle aux assonances et aux allitérations.

 

Le titre « Diogene » montre d’ailleurs une complémentarité parfaite avec William PascalLes compères se tirent la bourre dans un esprit d’émulation presque fusionnel, avec un égotrip léché qui sert de fil directeur au morceau. Mais la plume de Pacman sait également s’envoler, se faire lyrique, comme pour le titre « Daimon » (dont on vous traduit, comme on peut, quelques vers) :

La mia musica è il mio diavolo

È l’unica fede che mi fa diacono

Il diametro de moi baratro.

La musique est mon démon

C’est l’unique foi qui me fait diacre

Le diamètre de mon abîme.

Daimon.

Après cet excellent premier essai, on ne peut que souhaiter que le meilleur à un artiste dont l’audace et l’inventivité musicale pourrait le mener très loin, à suivre.

 

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