LONEPSI : LA MÉLANCOLIE COMME ÉTENDARD

Tel un loup solitaire, Lonepsi creuse son trou, à l’écart de la meute souvent clinquante du rap français. S’il se fait discret, ce n’est pas pour autant qu’il ne charbonne pas pour nous offrir des textes de qualité et des productions léchées.

J’ai découvert Lonepsi il y a peu (j’avoue mon manque crasse de réactivité) sur le son Tsunami, dans l’excellent dernier EP de Tengo John. Le couplet du rappeur au pseudo de lettre grecque tutoyait les sommets, en termes de puissance d’évocation dans l’écriture. De plus cette voix et cet accent si particuliers ont titillé ma curiosité.

Un voyage intérieur dans les antres de son esprit torturé, voilà ce que nous propose le rappeur.L’introspection est la source de son inspiration, comme il l’affirmait au Rap en France à l’occasion d’uneinterview donnée courant 2015 :

« J’ai besoin de me retrouver seul pour écrire. Ce que vais dire va surement paraître insensé, mais une fois qu’il n’y a plus rien autour de moi, tout devient beaucoup plus peuplé. J’ai beaucoup plus de facilités à pratiquer l’introspection et donc à trouver l’inspiration, quand je ne sens aucune présence autour de moi. »

Cette introspection se distille sur les titres égrainés sur le Soundcloud du rappeur. Ils évoquent la nostalgie de l’enfance (« On s’était juré »), le besoin de solitude (« Le loup des steppes »), ou encore l’amour des mots (« Danger de mots »). C’est d’ailleurs cet amour des mots qui sert de fil directeur à tous ces morceaux, Lonepsi faisant preuve d’une habileté à les manier, à assembler assonances et allitérations, les appuyant de manière efficace avec sa voix, plaçant adroitement quelques diérèses ici et là.

Finalement il se place dans la position du poète, se nourrissant de ses émotions et de ses introspections pour tenter de mettre des mots dessus. Cette introspection, cette réflexion sur la vie et le temps qui passe évoque parfois les auteurs romantiques du début du 19ème siècle. Ces derniers semblent d’ailleurs être une référence pour Lonepsi qui cite Stendhal et Victor Hugo, et dont la lecture d’Herman Hesse aura été déterminante pour son titre le plus connu, « Le loup des steppes »

Voici un artiste qui se revendique peu comme rappeur dans ses textes, qui rappellent d’ailleurs plus des poèmes. Les titres proposés par Lonepsi nous offrent une fenêtre ouverte sur son esprit, comme si Lamartine avait eu un mic.

 

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