Xristina… qui est cette étrange créature ? Si on ne sait pas grand-chose de cette fille, elle semble suffisamment obsédante pour que Tengo John, alias Theo Skellington lui consacre un EP. La demoiselle va jusqu’à s’afficher sur la belle pochette du projet, dont elle constitue le fil conducteur. Il s’agit dudeuxième format court du jeune rappeur parisien, intitulé « Près qu’Elle » sorti le 26 septembre dernier, dans un relatif anonymat.
Pourtant ce projet mériterait une plus grande exposition, tant le voyage qu’il propose est convaincant. Sur des prods bien choisies, suintant la nostalgie (Carte postale part. 1 en est l’exemple parfait, par ailleurs une mention spéciale au sample de King Krule sur le titre Princesse Sissi), le rappeur déverse son spleen d’un amour fort mais qui s’éloigne de plus en plus. Outre un flow efficace, servi par d’insistantes multisyllabiques, qui mériteraient parfois d’être modérées, Tengo John nous transporte, et c’est ce qui fait la puissance de ses lyrics, entre la Grèce et un bout de canapé à Paris, à travers une narration efficace :
« Parfois dans la lune, parfois dans la lumière
Ce sera pas grand-chose, mais j’aurai mon château ambulant
Qu’avec Xristina j’imagine une vie à Paris
Idéalement devant un film de Miyazaki »
Pour autant la prose quotidienne, qui fait la patte de cet EP, n’empêche pas des envolées poétiques qui plairont à coup sûr aux esthètes :
« Ma princesse sera forcément auréolée d’un diadème
J’irai racheter des larmes dans une rivière de diamant »
Le tout est porté par une voix suave, qui nous enveloppe dans une sorte de ouate sonore. On se plonge dans ces 7 titres d’une traite, de préférence dans l’ordre des chansons, qui forment un ensemble cohérent. On en ressort un peu cafardeux certes, mais d’un cafard positif, presque cathartique. Si vous voulez prolonger l’été indien, ou simplement récupérer d’une gueule de bois, un dimanche en appréhendant gentiment le lundi, foncez sur cette petite pépite.